Hommage à
Gutai
Michel
TAPIÉ, 1957
"Soyons
durs" (Nietzsche).
J'ai cru depuis longtemps qu'un " groupe vivant" était
impensable aujourd'hui: un groupe n'est rien d'autre que troupeau
de stériles moutons autour d'un prétendu berger. Or,
en cette ère de la contradiction, c'est le fait de Monsieur
Jirô YOSHI d'avoir magistralement réalisé depuis
quatre ans cet impensable. Je connaissais par la revue et quelques
documents l'extraordinaire ambiance des manifestations portant à
un très haut degré cette tonique invention digne de
la meilleure tradition de cette nouvelle ère ouverte par
TZARA et PICABIA il y a quelque quarante ans. Je sais maintenant
que la qualité des uvres proposées est digne
des meilleures confrontations inter-nationales possiblement réali-sables.
L'extraordinaire intuition qui est bien l'état de grâce
des artistes dignes de ce nom a aligné d'emblée leurs
rec-herches en commun sur les plus audacieuses pointes pous-sées
en Europe et aux U.S.A. par les plus indiscutables individualités.
Beaucoup de ces uvres sont prêtes à s'aligner
sur les uvres maîtresses des meilleures collections
privées ou publiques de l'actuelle avant-ga-rde. Je ne pense
pas qu'il soit possible à ce Jour de trouver un seul autre
groupe dans le monde valable et à l'état de "
groupe" et polarisant localeme-nt un tel nombre d'éléments
hautement individués. J'étais venu pour la première
fois au Japon avec l'idée d'y proposer d'y faire quelque
chose: j'y ai en fait trouvé en pleine forme e gageure qu'est,
et existentiellement, et qualitativement, le phénomène
Gutaï, à qui je fais humblement la haute requête
de me faire l'honneur de m'accepter comme élément
(actif, bien entendu) .
numéro
spécial sur l'art informel, Nishinomiya, 29 septem-bre 1957.
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